Le gluten est une protéine présente dans le blé (froment, Kamut, etc.), l’épeautre, le seigle et l’orge. Autant dire qu’on la trouve un peu partout dans notre alimentation. Ce qui n’a rien de problématique en soi, sauf si on est intolérant ou hypersensible au gluten.
Le point avec Nicolas Guggenbühl, expert en Nutrition et professeur à l’Institut Paul Lambin (Haute Ecole Vinci) à Bruxelles.
L’intolérance au gluten, encore appelée maladie cœliaque, est une maladie à part entière. Il s’agit d’une maladie auto-immune qui «pousse» l’intestin à considérer le gluten comme «un ennemi». De ce fait, la protéine incorrectement reconnue par l’organisme, endommage les parois internes de l’intestin et induit des phénomènes d’inflammation qui empêchent l’intestin de fonctionner normalement. Résultats : il n’assimile plus correctement les aliments et n’absorbe plus les nutriments dont l’organisme a besoin de façon optimale (issus des protéines, graisses, glucides, vitamines, minéraux, etc.).
L’intolérance au gluten ne concernerait que 1% de la population, mais on peut penser qu’elle est sous-diagnostiquée parce qu’elle ne se manifeste pas de la même façon chez tout le monde (symptômes très divers ou absence de symptômes même). Si les femmes sont plus touchées que les hommes, on observe que la maladie peut aussi se déclarer à tout âge: chez de très jeunes enfants (dès l’âge de 6 mois), chez des adultes jeunes voire chez des adultes d’âge plus avancé (après 60 ans).
Le diagnostic est souvent posé suite à la demande d’examens médicaux en raison de diarrhées, de douleurs ou d’inconforts répétés ou d’une perte de poids inexpliquée. Une biopsie intestinale doit cependant être réalisée pour confirmer qu’il s’agit bien d’une maladie cœliaque, précise Nicolas Guggenbühl.
Une intolérance au gluten (ou maladie cœliaque) justifie qu’on exclue à vie le gluten de l’alimentation pour éviter d’entretenir ces phénomènes d’inflammation et de malabsorption. Mais ce type de régime n’est pas facile à suivre. Il doit faire l’objet d’une attention très particulière pour éviter d’éventuelles carences. Idéalement, il ne devrait pas être choisi sans avis médical.
La mode du sans gluten est en partie soutenue par un phénomène marketing, mais pas seulement, nous explique notre expert. Depuis plusieurs années, l’augmentation croissante des plaintes et des inconforts rapportés en consultation (ballonnements, douleurs, irritations intestinales, etc.) a poussé certains professionnels de la nutrition à tester un régime sans gluten chez des personnes qui n’étaient pas diagnostiquées comme cœliaques.
Le soulagement que les patients en ont tiré a permis au corps médical de prendre conscience de l’existence d’une sensibilité chez certaines personnes. Ce qui a poussé la recherche à investiguer. On peut donc dire aujourd’hui qu’il existe chez certaines personnes une hypersensibilité au gluten, qui peut justifier le besoin d’une consommation restreinte en gluten. Mais cela ne doit pas devenir un objectif pour toute la population !
Le régime « zéro gluten » que l’on présente comme bénéfique pour la santé, n’est pas sans conséquence, car les céréales et les produits céréaliers qui contiennent du gluten sont également de bonnes sources de vitamines, de minéraux et de fibres s’ils sont choisis complets, ce qui est souhaitable.